Revue de Presse
Revue de Presse Article sur la conférence de Dimitri Boekhoorn sur la harpe ancienne, au CERAPAR, association d'archéolgues à Pacé, le 21 Avril 2006 Dans : le Ouest-France, le 28 Avril 2006, Pacé : • 28/04/2006 • Au jour le jour / Musique, chant, danse Edition de Rennes 1. Ouest-france du 28/04/2006 La conférence du vendredi 21 avril, proposée par le Cerapar, a rassemblé dix-sept personnes autour de Dimitri Boekhoom et de ses deux harpes. Après avoir expliqué l'évolution de cet instrument au fil des siècles, il a ensuite parlé symbolisme. D'abord arc à une corde, auquel on ajoute une caisse de résonance, puis multicordes, les premières harpes apparaissent en Mésopotamie, au IIIe millénaire avant notre ère. En Europe, elles feront leur apparition en Ecosse et en Irlande vers le VIIIe et IXe siècle. Le symbolisme autour des harpes est très fort. « Les cordes représentent une voie sacrée de la terre vers le ciel, la caisse de résonance symbolise la terre tandis que la console représente le ciel. Cette triplicité est très importante chez les Celtes », explique le musicien. Le symbolisme est également très important dans les ornementations de la console. Dimitri, qui fait partie du groupe Gwezel, très actif dans le domaine de la musique celtique, a ensuite interprété quelques morceaux sur ses deux instruments.
Article du mois, entrevue sur www.breizh-harp.com : Entrevue avec Dimitri Boekhoorn
Bonjour Dimitri Pourriez-vous vous présenter, d’où venez-vous ? Bonjour, je ne suis ni breton ni français… originaire des Pays-Bas et résidant à Rennes depuis bientôt 8 ans on pourrait m’appeler un breton d’adoption ! Dans mon pays d’origine j’ai fait des études celtiques : on étudie surtout les langues celtiques anciennes à l’université d’Utrecht ; les premiers textes du Moyen-Age à être écrits en langue vernaculaire (c’est-à-dire les langues indigènes de l’Europe hormis le latin et le grec ancien) nous viennent de l’Irlande et du Pays de Galles et ils sont très précieux pour les médiévistes et les celtisants. J’ai en effet étudié le vieil et le moyen-irlandais ainsi que le moyen-gallois. Dans le cadre de ces études je voulais passer une année à l’étranger, dans un pays « celtique ». Mon choix fut la Bretagne, et ça pour plusieurs raisons. Les autres étudiants allaient plutôt en Irlande, moi j’ai préféré rester sur le continent afin d’apprendre le breton et le français. Je suis venu à l’université de Rennes en tant qu’étudiant érasmus ; l’année d’après je suis rentré aux Pays-Bas tout en suivant des cours à distance pour compléter ma Licence de breton. Puis je suis revenu en Bretagne, j’ai obtenu la Maîtrise, le D.E.A… maintenant je suis en quatrième année de thèse et ça fait cinq ans que j’enseigne la Civilisation Celtique et le breton à la même université. Inscrit à l'université pour rédiger une thèse internationale, j’étudie le bestiaire dans la littérature médiévale de la Grande-Bretagne et de l'Irlande; je participe à des colloques et publie des articles. A côté je suis musicien professionnel. Je joue de la flûte, de l’ocarina et de la gaita (cornemuse galicienne) ainsi que de différents types de harpes ; je partage donc ma vie entre les études celtiques et la musique traditionnelle et ancienne. Où vous situez-vous dans le monde de la harpe celtique ? Ayant débuté la harpe celtique aux Pays-Bas par des cours de harpe classique à l'âge de 11 ans, je me considère plutôt autodidacte puisque depuis 7 ans je joue comme les "harpeurs" médiévaux avec les ongles sur des cordes en métal. Cette découverte m’a fait changer radicalement de technique de jeu, pour retrouver un style plus léger, rapide et ornementé tout en utilisant des techniques particulières d'étouffement. Mon parcours musical a commencé déjà aux Pays-Bas ; je faisais partie du groupe de famille ; une fois arrivé en Bretagne je me suis mis à jouer de la harpe celtique dans les bars rennais et bretons (une petite troubadour à 22 cordes, car c’est plus transportable !). A la même époque je me suis acheté ma première harpe à cordes en métal. J’ai fait partie de plusieurs groupes de musique irlandaise et bretonne et mon groupe actuel s’appelle Gwezel, c’est le nom breton ancien de Belle-Ile-en-Mer. Entre-temps j’ai fait des rencontres avec des joueurs de harpe bretons, tels Myrdhin, Dominig Bouchaud… Myrdhin m’a invité au Festival de la Harpe Celtique à Dinan en juillet 2004 pour des concerts et un stage et c’est là où j’ai voulu devenir professionnel ; c’est là aussi où j’ai rencontré l’artisan-luthier suisse Claude Bioley. On travaille ensemble depuis ce festival afin de continuer le travail sur les harpes cordées en métal que Claude avait commencé avec la harpiste dunkerquoise Katrien Delavier. Actuellement on travaille entre autres sur une copie de la Otway (cláirseach / harpe irlandaise ancienne) et un autre modèle, mais cela reste une surprise ! Je m’inspire de techniques anciennes, par exemple celles proposées par Ann Heymann, mais j’utilise également des techniques de harpe sud-américaine et je me sens très proche d’autres « harpeurs » jouant sur des cordes en métal tels Myrdhin, Rüdiger Oppermann ou encore Jochen Vogel. Je me bats justement pour obtenir une reconnaissance dans un monde où ceux qui jouent avec les ongles ne sont pas forcément bien vus par les harpistes qui utilisent des techniques classiques. Malheureusement, la harpe ancienne et la harpe cordée en métal ne sont pas toujours considérées comme de « vrais » instruments par les « vraies » écoles de musique ou le conservatoire où l’on enseigne la harpe celtique comme si elle était une petite copie de la grande harpe à pédales…
Pouvez-vous décrire les harpes que vous utilisez, pourquoi ce choix ?
Je me produis régulièrement en soliste ou en groupe jouant sur une harpe baroque-celtique cordée en carbone et parfois sur une harpe médiévale (copie de la Otway / Queen Mary / Brian Boru) cordée en bronze. Je travaille également sur le cordage de nouvelles harpes avec Claude Bioley. Parfois j’utilise une Camac cordée en acier, mais je préfère de loin les harpes « artisanales » faites sur mesure : ma harpe baroque-celtique est un modèle unique, un croisement entre la grande harpe baroque dont les cordes sont longues, fines et relativement peu tendues, et une harpe « celtique ». En gros il s’agit d’une harpe celtique légère et agrandie, cordée en carbone, dont le son est très cristallin. La harpe médiévale est une adaptation des cláirseachs médiévales d’Irlande et d’Ecosse, elle est cordée en bronze. La motivation de ce choix particulier est le fait que j’estime que la quasi totalité des harpes dites « celtiques » est en fait très proche de la harpe classique par rapport à la construction, à la tension des cordes et à l’espacement. Moi je préfère des harpes plus légères, moins tendues. Cela me permet d’utiliser un style rapide et ornementé, d’autant plus que je joue avec les ongles. Comment travaillez-vous la harpe au quotidien et que donneriez-vous comme conseils aux débutants et niveau moyen pour progresser ? J’adore interpréter les musiques de danse rapides à la harpe (et aux flûtes d’ailleurs) et quelquefois des morceaux plus exotiques (inspirés des musiques sud-américaines, africaines ou orientales par exemple). J’écoute beaucoup la musique traditionnelle des pays dits « celtiques », non seulement la harpe mais en fait surtout les autres instruments : j’estime qu’en harpe celtique on néglige trop l’ornementation et le swing, qui sont pourtant primordiaux pour la musique de danse ! Je m’inspire donc des techniques de cornemuse, flûte, violon… D’un autre côté je suis très ouvert aux musiques du monde. Je m’inspire également de la harpe sud-américaine, de la musique asiatique ou africaine. Je m’intéresse de plus en plus à la harpe ancienne ce qui ne m’empêche pas de regarder de temps en temps des méthodes de guitare flamenco ou électrique afin de savoir s’il y a des techniques adaptables à la harpe ! C’est aussi ce conseil que je voudrais donner : soyez ouverts, regardez un peu partout. La musique de harpe devrait être autre chose que des mélodies accompagnées par des arpèges. Récemment encore une débutante qui aime bien mon style m’a contacté pour savoir si elle pouvait bien utiliser les ongles… son professeur de harpe celtique avait rigolé quand elle a évoqué le sujet ! Il reste dans ce monde de la harpe celtique trop de gens incultes, fermés et surtout intolérants vis-à-vis de tout élément étranger aux enseignements « officiels ». Lors de votre propre apprentissage de la harpe celtique, quels types de difficultés avez-vous rencontrés? Une des difficultés c’était justement le jeu avec les ongles. C’est grâce à Dominig Bouchaud et Myrdhin que je joue comme les harpeurs médiévaux… Comme il n’existe pas beaucoup de méthodes concernant cette technique, j’ai inventé des techniques moi-même. Quand j’ai découvert les techniques que propose Ann Heymann, j’étais agréablement surpris quand j’ai vu qu’un bon nombre de mes techniques correspondaient à ses propositions. Autrement, le fait de jouer de différents modèles de harpes avec des espacements de cordes différents était un peu fatiguant au début. Quels sont vos projets pour cette année 2006 ? J’en ai plein ! Mon site et le site de mon groupe sont très visités, et on trouve régulièrement de nouvelles dates de concert. Il y a quelques temps on a joué à nouveau avec le musicien galicien Carlos Nunez et ce ne sera sans doute pas la dernière fois. Juste avant, on a fait une tournée aux Pays-Bas (concerts et stages de danses bretonnes en février 2006). On vient aussi de se présenter aux finales du Kan ar Bobl à Pontivy, où l’on se fait connaître peu à peu. Cet été, on va enregistrer un disque avec mon groupe Gwezel, vous y trouverez de la musique bretonne, irlandaise, écossaise et galicienne ainsi que quelques compositions. Myrdhin m’a réinvité au festival de la harpe à Dinan : le 15 juillet, je donnerai un atelier autour de la harpe médiévale cordée en bronze et de la harpe baroque-celtique. Avec mon groupe, on anime des concerts, Festoù-noz, mariages, soirées, festivals, et on propose aussi des interventions scolaires. Vous risquez donc de me voir quelque part en Bretagne. Je propose également des cours de harpe à Rennes, pour les harpistes jouant avec la pulpe des doigts ainsi que pour les harpeurs jouant avec les ongles. J’ai aussi des projets concernant le développement de harpes cordées en métal avec le luthier suisse Claude Bioley. Pour plus d'informations sur le groupe, des enregistrements, des photos, des stages et les dates de concert, vous pouvez regarder les sites internet :
www.harpe.canalblog.com (mon site de harpe) www.danieloboekhoorn.canalblog.com (groupe GWEZEL) Finalement, - Que peut-on vous souhaiter pour cette année 2006 ? Des tonnes d’énergie et des jours de 30 heures ! |